À dix ans, je m’assoyais près de mon père devant notre petite maison lorsqu’un voisin, un cousin ou un ami venu de loin s’ouvrait à lui non pas pour trouver du réconfort, mais pour entendre un mot, une phrase ou une idée qui sortait inévitablement de sa bouche, après les avoir écoutés le temps qu’il fallait en buvant son thé.
À celui ou à celle qui traversait une période difficile et qui s’apprêtait à prendre une décision aux conséquences sérieuses, il tendait sa main et par des périphrases ou des proverbes, il ramenait tout à l’essentiel, la prise de conscience intérieure des moyens de fabriquer son propre bonheur.
Dans le quartier, mon père était aussi une véritable institution au point où certains lui confiaient leurs petites économies pour éviter de les dépenser à tout vent. Il ne demandait rien.
De ces gens qui venaient le rencontrer, je retiens l’humilité dans la démarche, le courage d’admettre que l’on s’est trompé et surtout la volonté ferme de contourner ses faiblesses, se relever et de continuer à avancer vers une vie meilleure.
Le premier mentor apparaît souvent sans qu’on le cherche. J’ai eu la chance d’avoir un homme comme mon père pour me guider. Je lui parlais de tous mes projets même les plus surprenants pour l’époque.
Il m’écoutait et me faisait réaliser l’ampleur des risques. Mais je sentais dans son attitude qu’il me disait: Vas-y ma fille.
Mariam Sy Diawara