Les Peuls sont sans doute près de trente millions en Afrique. Présents dans une quinzaine de pays, ils partagent la même langue, la même culture, et alimentent souvent les mêmes fantasmes. Rencontre avec un peuple sans frontières.
En voici un qui répond au canon de ce que l’écrivain Tierno Monénembo appelle « la tumultueuse engeance de Dôya Malal [le premier Peul] ». Contrairement à la fable que les adeptes du cliché ethniciste voudraient immortaliser, ils ne sont pas tous clairs de peau et n’ont pas tous le nez aquilin.
Mais Dian Diallo, lui, a tout : le nom évidemment, certainement le plus courant dans l’univers peul. Mais aussi ce teint zinzolin, ces oreilles démesurées et ce visage allongé, dont Monénembo, auteur d’une monumentale fresque consacrée à son peuple (Peuls), a écrit qu’il transpirait la colère et la susceptibilité.
Et puis il y a cette silhouette fragile dont on jurerait qu’elle ne passera pas la prochaine soudure. « Affamé comme un bon Peul », se moque l’ami chez lequel Dian nous a amenés : le professeur Fary Ka, chef du laboratoire de linguistique à l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), à Dakar. Dian Diallo sourit.
On se taquine entre frères. Le professeur Ka admettra plus tard qu’aujourd’hui « les caractéristiques physiques que l’on prête aux Peuls ne sont plus valables ». Partout, ils se sont mélangés aux Mandingues, aux Dogons, aux Haoussas…
Voir l’article source :