Samedi le 21 novembre 2015, de 14h30 à 17h
Le mec idéal

Côte d’Ivoire (2011) 110 minutes
Réalisation : Owell A. Brown
Avec Emmanuella Lohoues, Mike Danon, Serge Abessolo

le-mec-idealEstelle est une belle jeune femme très entreprenante qui a choisi contre l’avis de ses parents d’opter pour son propre business : « un salon de coiffure », dans lequel elle s’investit entièrement. Malheureusement en amour, Estelle ne connaît pas le succès qu’auraient mérité à la fois sa beauté, son intelligence et surtout sa pureté. Dans son quartier pourtant, un jeune gérant de pressing du nom de Marcus est éperdument amoureux d’elle et semble souffrir en silence car il a du mal à obtenir ne serait-ce que l’amitié d’Estelle.

Abidjan 2010. Au moment où tout le pays s’affronte dans un conflit qui aurait pu devenir extrêmement sanglant, un jeune cinéaste ivoirien tournait une comédie que certains qualifiaient un peu vite de « comédie romantique ». Que nous dit Owell Brown en mettant en scène ce trio amoureux ?

À travers l’histoire de William, Marcus et Estelle, il pose les bases de conflits bien réels. Marcus, un jeune, employé d’une blanchisserie est amoureux d’Estelle, jeune fille fort intelligente et jolie. Il trouve conseil et soutien auprès de William, un ami plus âgé (et qui a réussi socialement) pour capter l’attention de la belle indifférente. Un hasard de comédie fait que ledit ami va lui aussi rencontrer Estelle et tout faire pour la séduire (elle et sa famille). Les ressorts comiques sont posés : les deux amis sont amoureux de la même fille et ne le savent pas.

Le film vaut pour tout ce qu’il révèle. Dans le dit et le non-dit : l’hypocrisie de la société, la quête de l’argent et de l’ascension sociale, les conflits de génération, le suivisme des « élites » vis-à-vis des modèles occidentaux… en niant l’arrière-plan de guerre civile, le réalisateur ne s’éloigne pas des problèmes de fond qui agitaient la Côte d’Ivoire au moment du tournage.

Au contraire, il pose des questions dont on sait qu’elles seront toujours d’actualité, en particulier en temps de paix. L’humour qui fonctionne sur l’installation de quiproquos et de chutes toujours dénouées par l’humour, ce qui donne un ton alerte en permanence. À l’image de certaines comédies américaines classiques. Le tout bien sûr dans une économie du cinéma fragile mais convaincante.

Owell Brown semble avoir pris le relais d’un cinéaste ivoirien trop tôt disparu, Henri Duparc, réalisateur de Bal poussière.